On découvre, on se met à adorer un groupe, on attend avec impatience la moindre date de sortie d’album, on suit les différentes tournées et on retrouve en concert des morceaux que l’on aime. Avec Chris Theps, ce sera la démarche inverse, la découverte au cours d’un concert sans prétention qui donnera envie de s’intéresser à l’artiste, et qui finalement découle sur les retrouvailles avec les titres sur albums.

Ainsi soit-ils, promesse intéressante ou métaphore directe de ce que représente le rock n roll ? En écoutant les 12 titres de l’album, alternant le français, l’espagnol et l’anglais, on est envoyé vers divers influences (coup de coeur pour Hermano et ses ambiances égyptiennes) qui se retrouvent toutes sous le même sigle. Celui du rock, pur, dur, brutal, dans sa forme certes la plus simple mais aussi la plus représentative. Beaucoup ont toujours pensé que ce style musical était un cri adolescent, une envie de se démarquer le temps que nos boutons d’acnés s’effacent peu à peu. Au vu de la fraîcheur des morceaux, de leur naïveté aussi (Sweet lady), et de la voix de Chris qui n’a pas pris une ride, cet était d’esprit n’a pas changé, et c’est avant tout une invitation, à ne jamais grandir, vieillir, se prendre au sérieux. Vivre sa vie à fond la caisse, sans sentir le poids des années.
Cet album est aussi une sorte de synthèse, un gros medley de tout ce qui a pu se faire lors de 5 décennies de musique effrénée. On retrouve beaucoup de Rolling Stones (Happy fait penser à Street of dreams, Combien de fois à Already over me), du Scorpions (Le jour se lève), et beaucoup d’autres. Et ce qui fera la force du groupe donc, c’est aussi le fait de rendre hommage sans dilapider. Les influences, conscientes ou pas, ne font pas l’effet de plagiat, comme on peut le voir, et à aucun moment on ne se détache, tout nous prouve que nous écoutions bien un album de Chris Theps, et ça fait sacrément plaisir dans une période où il est difficile de se démarquer.
Au final, écouter ces titres dans son salon n’aura pas le même intérêt que les entendre en live. On sent que chacun regorge d’énergie, d’envie que l’on ne ressentira qu’en face des musiciens. Une envie telle que l’on y pardonne la naïveté des paroles, malgré tout empreintes de la vie de leur écrivain, le mixage des fois hasardeux. Tout est fait pour que l’on adhère au genre, au groupe, avant d’adhérer à l’album en soi, et sur ce point-là, c’est réussi et très addictif. Et, au fond, c’est exactement ça le rock n roll : un pur produit de scène, une exultation de puissance et de spontanéité. Ici, chaque musicien transpire ce même idéal. Alors, ainsi soient-ils.
Thierry De Pinsun